L’histoire du compagnon Julaybib

Il est rapporté dans les livres d’Histoire que Julaybib رضي الله عنه était un compagnon du Prophète ﷺ peu ordinaire.

  • De très petite taille, au visage difforme,
  • Sa lignée était inconnue ; nul ne savait qui étaient ses parents,
  • Il n’avait ni tribu ni clan pour le protéger, et personne ne voulait l’accepter.

Isolé, même les enfants de Médine se moquaient de lui à cause de son apparence. Il errait seul, rejeté de tous, et personne ne voulait s’asseoir à ses côtés.
La vie pour lui était une lutte constante.
Il passait ses nuits à pleurer, seul dans les rues de Médine, sans famille, sans ami, sans une once de compassion.

Mais un jour, le destin de Julaybib رضي الله عنه changea.
Le Prophète d’Allah ﷺ arriva à Médine.

Julaybib commença à s’asseoir près de lui, écoutant en silence, les yeux baissés, timide mais profondément touché.
Le Messager d’Allah ﷺ lui offrit ce que nul ne lui avait jamais offert : l’amitié.
Désormais, il avait un frère, un confident, un guide… le meilleur des hommes.

Grâce à la miséricorde d’Allah et à la présence du Prophète ﷺ, Julaybib رضي الله عنه fut enfin reconnu comme membre à part entière de la communauté des croyants.


Une demande inattendue

Un jour, alors qu’il était assis avec le Prophète ﷺ, celui-ci lui dit :

« Ô Julaybib, désires-tu quelque chose ? »

Julaybib leva lentement la tête et répondit timidement :

« Ô Messager d’Allah, Allah m’a déjà béni par ta compagnie… Que pourrais-je demander de plus ? »

Le Prophète ﷺ lui demanda alors :

« Souhaiterais-tu te marier, mon cher Julaybib ? »

Julaybib sourit, un peu surpris :

« Oui, ô Messager d’Allah, j’aimerais beaucoup. »


Une épouse pour Julaybib رضي الله عنه

Le Prophète ﷺ alla alors chez un noble compagnon des Ansar et lui dit :

« Je viens demander la main de ta fille. »

Ravi, le compagnon répondit :

« Quelle bénédiction, ô Messager d’Allah ! »

Mais le Prophète ﷺ précisa :

« Ce n’est pas pour moi… c’est pour Julaybib. »

Le compagnon, surpris, demanda un délai pour consulter son épouse.
Quand il lui annonça la nouvelle, celle-ci s’effondra en larmes :

« Pas Julaybib ! N’importe qui, mais pas lui ! »

Entendant cela, leur fille — pieuse, belle et d’une grande pudeur — intervint :

« Ô ma mère, crains Allah ! Tu refuses une demande du Messager d’Allah ? Si lui recommande Julaybib, comment pourrais-je refuser ?
Le Prophète ne peut vouloir que du bien pour moi. Je l’accepte avec joie, et j’y vois un immense honneur. »

Touchée par les paroles pleines de foi de sa fille, la mère se repentit :

« Tu as raison, ma fille. Pardonne-moi. Je n’ai personne à te proposer de meilleur que Julaybib. »

Le lendemain, le mariage eut lieu.
Les compagnons Uthman رضي الله عنه et Ali رضي الله عنه aidèrent Julaybib financièrement à organiser le banquet (walima).


L’épreuve du sacrifice

Peu de temps après, Julaybib رضي الله عنه fut appelé à une expédition militaire.
Son beau-père essaya de le retenir :

« Ce n’est pas un jihad obligatoire… Reste donc auprès de ton épouse. »

Mais Julaybib répondit avec fermeté :

« Mon Prophète est sur le champ de bataille… et tu veux que je reste confortablement à la maison ? Par Allah, je préfère donner mon sang et ma vie que de le laisser seul face à ses ennemis. »

Ce petit homme, méconnu et autrefois méprisé, entra dans la bataille avec une détermination féroce.
Lui qui était timide devint un lion pour défendre l’islam.


Un adieu glorieux

À la fin de la bataille, le Prophète ﷺ demanda à ses compagnons de vérifier s’il manquait quelqu’un. Chacun retourna auprès de son clan, mais Julaybib رضي الله عنه n’avait pas de clan.

Le Prophète ﷺ, les larmes aux yeux, dit :

« J’ai perdu mon bien-aimé Julaybib… Trouvez-le. »

Ils retrouvèrent son petit corps, gisant auprès de sept ennemis qu’il avait tués avant de tomber en martyr.

Le Prophète ﷺ dit alors en le prenant dans ses bras :

« Il en a tué sept, puis il a été tué. Cet homme fait partie de moi, et moi de lui. »

Le Prophète ﷺ l’enterra de ses propres mains.


La grandeur d’un cœur aimé d’Allah

Les compagnons pleuraient abondamment :

« Que nos pères et nos mères soient sacrifiés pour toi, ô Julaybib… Quelle noble destinée ! »

Lui, qui était ignoré et rejeté, fut aimé du Prophète ﷺ.
Lui, qui n’avait ni beauté, ni richesse, ni famille, reçut une épouse noble, pieuse, et respectée.
Lui, qui avait vécu dans l’ombre, fut élevé par Allah parmi les martyrs et les élus.

Il est rapporté que des milliers d’anges descendirent du ciel pour assister à sa janaza (prière funéraire).

Et quant à son épouse, il est dit qu’aucune veuve de Médine n’était plus convoitée en mariage qu’elle.


Quelle leçon pour nous…

Tel est le destin de ceux qui aiment sincèrement Allah et Son Messager ﷺ.
Même les cœurs les plus oubliés peuvent atteindre les plus hauts degrés de proximité d’Allah.

« Cet homme fait partie de moi… et moi de lui. » – Prophète Muhammad ﷺ

Notes :

Vous trouverez ce récit dans les livres d’histoire, ainsi qu’une partie dans le Sahih de l’Imam Muslim (Chap. 27,n°131 – 2472 ou Chap. 31,n°604)

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